Digression

Mille excuses auprès de mes « fans » (!!!) pour mon silence actuel : je suis tout simplement « surbooké » et je n’ai pas le temps de me pencher sur mon blog. J’espère trouver un moment dans quelques jours. Je me demande d’ailleurs si les temps se prêtent bien au narcissisme alpin, au vu des événements (mille fois prévisibles) qui se déroulent dans nos villes. Dire qu’une société aveugle et irresponsable ne fait là que récolter son dû, cela ne résout pas le problème – mais ça soulage. Reste à résoudre le problème, encore faudrait-il pour cela avoir aux manettes des gens capables et lucides. On n’a jamais autant parlé de la République que depuis qu’on l’a vidée de son contenu. Je me souviens qu’en 1987 j’ai ouvert au Charbon une petite voie que j’ai baptisée « Loïc et Malik ». C’était un petit hommage discret à deux jeunes gens victimes de violences policières. Malik Oussekine avait été frappé lors d’une manif étudiante à laquelle il ne participait même pas. C’était un garçon paisible et studieux, dont le seul tort était d’avoir une tête à taper dessus… suivant des critères qui ne sont pas les miens, évidemment. C’était en 1986. Le premier ministre de l’époque s’appelait Jacques Chirac. Déjà. Ca fait maintenant 10 ans qu’il faut le supporter comme président de la République (faudra-t-il vraiment aller jusqu’à 12 ?). Il pourra se vanter d’avoir présidé à la liquéfaction de celle-ci. Ce type est une calamité, entouré d’autres calamités du style de Sarko-l’incendiaire. Ses récents propos rappelaient ceux de Maurice Papon quand il était préfet de police de Paris entre 1958 et 1962, responsable de la ratonnade d’octobre 61. J’avais vécu cette journée à Paris, ce n’est pas un beau souvenir. Par la suite, j’ai pensé que ce pouvait être une page tournée (= assumée et surmontée, et non pas oubliée). Il est accablant de constater que le paponisme est de retour avec Sarkozy… Je n’excuse pas les violences des gamins des banlieues, elles sont odieuses et absurdes, mais elles sont malheureusement le symptôme du nihilisme ambiant. La République, c’est la démocratie + un projet capable de mobiliser une collectivité. Je n’ai pas été gaulliste, mais je dois reconnaître que de Gaulle portait un projet, lui. Ma référence, c’est plutôt Mendès-France (je sais, je suis très, très archaïque). Depuis, je suis comme Diogène avec ma lanterne : je cherche un Républicain, un vrai… 

2 Responses to “Digression

  • > nihilisme ?

    C’est pas dans mes cours de Français ça. Peut-on m’expliquer ? En tout cas tes opinions sont celles auxquelles j’arrive avec mes cours d’économie et d’histoire…

  • D’après Larousse, c’est « la négation des valeurs intellectuelles et morales communes à un groupe social ». Le mot est apparu en Russie à la fin du XIXe siècle chez des révolutionnaires qui avaient déclaré la guerre à la société à coup d’attentats terroristes (le plus connu était un certain Netchaïev). Plus simplement, on peut dire que le nihilisme consiste à rejeter toute valeur, à ne croire en rien d’autre qu’à la destruction de ce qui représente « les autres », ou des autres eux-mêmes. C’est ce qui distingue le nihiliste de l’anarchiste : l’anarchiste est en révolte contre la société, il rejette toute autorité venue d’en haut, comme celle de l’Etat, mais il a un projet de société et croit à un certain nombre de valeurs. Pour le nihiliste, il n’y a pas d’autre projet que l’anéantissement. C’est pour ça, par exemple, que le parallèle entre mai 68 et novembre 05 ne tient pas la route. Les émeutes de ces derniers jours ont vraiment pris une allure nihiliste et c’est évidemment une très mauvaise chose : il y a effectivement d’énormes problèmes à prendre en compte du côté des banlieues, et ce n’est pas la simple répression qui permettra de le faire. Mais plus les manifestations prennent un tour inexcusable, et plus ça rend difficile la prise en considération des causes profondes du malaise… Et on voit bien de quelle façon Sarkozy exploite cette situation pour se tailler une réputation d’homme providentiel. Si je peux te recommander une lecture, c’est celle d’un bouquin d’Albert Camus : « L’homme révolté ». Une belle réflexion sur la violence… Et aussi sa pièce de théâtre : « Les Justes ».