La face nord de la Meije
Ma denière incursion dans la face N de la Meije remonte à 1997, quand j’ai fait le couloir en Z. Ca commence à dater… A cette date, la configuration de la face était « stabilisée », puisque les dernières voies ouvertes remontaient à 1994 (les deux voies de mixte de Christophe Moulin dans la face nord-ouest). Les autres événements récents avaient été l’hivernale du même Moulin en 1992 (enchaînement solitaire hivernal des faces N du Râteau, de la Meije et du Gaspard), et la descente à skis du couloir Gravelotte par Tardivel en 1997 – une descente pas tout à fait intégrale, puisque Tardivel n’avait pas pu franchir la rimaye à skis. Mais enfin, on ne va pas faire la fine bouche !
En cette même année 1997, Cyrille Copier et Toni Clarasso avaient commencé une voie nouvelle au beau milieu de la face nord-ouest dont ils avaient parcouru un premier quart. Il a fallu attendre l’été 2005 pour que cette « directissime » soit terminée, avec d’autres protagonistes : Cyrille Copier et Jean-François Etienne (alias Gepetto)ont fait en janvier 2005, avec 2 bivouacs, la majeure partie de la face, avec une dominante de mixte. Le tout a été terminé en juin par les mêmes, plus Bernard Gravier, avec une sortie qui rejoint la voie normale au Cheval Rouge. Le topo a été présenté dans Montagnes-Magazine d’octobre 2005 (n° 298, p. 94). C’est celui-ci.
Le compte-rendu indique une dénivelée de 1000 m. Peut-être faut-il comprendre plutôt « développement », car la rimaye est à plus de 3150 m d’altitude, ce qui laisse une dénivelée réelle de 835 m… C’est quand même la plus longue des voies de la face N.
Il m’a paru intéressant d’essayer de faire le bilan, 135 ans après la réussite de la cordée Coolidge sur la face N du Pic Central. C’est pourquoi je propose ce schéma (Meije_voies_face_nord.pdf) des voies de la face nord, ou plutôt des faces nord et nord-ouest, classées selon les dates. C’est assez éclairant, car on voit bien se succéder des types différents d’approche (et donc de condeption de l’alpinisme). Dans un premier temps (1870-1933), on cherche les cheminements glaciaires les plus simples (façon de parler…). Deuxième temps (1947-1971) : on recherche des itinéraires essentiellement rocheux. Troisième temps (à partir de 1971, et surtout à partir de la voie Roux-Saadi de 1976, très audacieuse pour l’époque) : c’est l’avènement du mixte, avec 2 étapes imposées par les mutations du matériel et des techniques, l’inflexion pouvant être placée autour de 1985 (« Salsa pour trois étoiles »). Incontestablement, la voie de 2005 comble une lacune importante. Y aura-t-il un quatrième temps ? meije_n1