A Morgane de Tours
Ceci est un message particulier…
…et très honorable, qu’on se rassure, destiné à la visiteuse inconnue qui a eu la gentillesse de signaler ce site à la blog-population d’Europe 2. Et en plus, en écrivant à Morgane de Tours, c’est un peu comme si je m’adressais à Diane de Poitiers… Donc, Morgane, tu n’es jamais allée à la montagne, et pourtant mes élucubrations retiennent ton attention, même si tu ne comprends pas toujours ce que je raconte. Je le comprends fort bien : quand j’étais môme et que j’habitais à Bourges, je me faisais de la montagne une idée qui était à des années-lumière de la réalité. Et pour ce qui est de l’alpinisme, c’est quand même un peu une affaire de toqués qui se comprennent entre eux, mais qui ont souvent beaucoup de mal à témoigner de leur passion de façon intelligible.
En plus, on n’est pas très aidés par la façon dont les médias en parlent habituellement. J’en veux pour preuve le titre que radioblogs a donné à mon site: « la montagne ça vous gagne ». Ca, c’est le slogan publicitaire des stations de sports d’hiver, et c’est précisément ce que je déteste le plus. C’est la montagne-fric, le montagne en toc, la montagne artificialisée, celle où on peut s’éclater mais où ne peut certainement plus rêver. La montagne des alpinistes, c’est quelque chose de totalement différent, plutôt incompatible avec ça. Et moi, qui suis un vieil alpiniste (je vais fêter cette année mes 50 ans de pratique!), je l’ai trouvée dans les montagnes austères de l’Oisans. La Meije est une aiguille du Midi, mais ce n’est pas celle de Chamonix (en fait, il y en a plein dans les Alpes comme dans les Pyrénées). C’est une montagne pas comme les autres parce qu’elle est chargée d’une histoire particulière (ce que j’essaie en ce moment de raconter) et qu’elle est capable d’ensorceler les gens. Je fais partie de ceux qui sont tombés sous le charme (ou dans le panneau…), à tel point que l’alpinisme est devenu ma manière d’être, mon art de vivre (ma raison de vivre ?). En somme, c’est cette montagne qui a fini par me faire comme je suis, en bonne partie. Je pense que la raison principale est que la Meije a déclenché quelque chose dans mon imagination quand je l’ai découverte. C’est le problème de la représentation: c’est en fonction de l’idée qu’on se fait de telle ou telle chose qu’on oriente son action. C’est pour cela qu’en ce moment je tournicote autour de ce thème de la représentation, tout en essayant de trouver les réponses chez les acteurs les plus anciens de cette drôle d’histoire. Une sorte de psychothérapie par personne interposée, en somme. Je vais faire un effort pour essayer d’être moins allusif, car j’ai peut-être tendance à supposer que mes lecteurs sont eux-mêmes dans le bain.
Et c’est promis, je ne mettrai plus de photo de cadavre (de toute façon, je n’en ai pas d’autre que celle de Cordier; et si je n’avais pas signalé que c’était une image post mortem, on aurait pu penser qu’il faisait la sieste !). J’espère bien qu’on continuera à se rencontrer sur « La montagne c’est pointu » !
Cette vieille photo date exactement de l’époque où j’ai fait la découverte de la Meije. C’est à ce moment-là, et sous cet angle, qu’elle a fait « tilt » dans ma tête… La voilà donc, l’ensorceleuse !