La face sud de la Meije

Après la face nord, voici la face sud de la Meije dans son état actuel… si toutes mes informations sont à jour [Meije_face_sud.pdf]. Le principe est le même que pour la face nord : les voies sont classées dans l’ordre chronologique. Les dernières ouvertures remontent à 2000-2001, dans les styles les plus opposés qui soient : le rocher pur, la glace extrême. Durant l’été 2000, en plein mois de juillet, Jean-René Minelli a trouvé le moyen d’ouvrir une très belle goulotte dans la face sud de la Meije Orientale, très à gauche de l’aplomb du sommet. Il était accompagné d’un client et de Fred Chevaillot. Ca a donné La Route de la chance (350 m, IV/5+). De fait il en fallait, de la chance, mais aussi le coup d’oeil qui permet de repérer à la fois la ligne et le moment propice…


Sur cette photo prise du Pic N des Cavales, on voit la totalité de la goulotte.
Le topo est tiré de Montagnes-Magazine (n° 241).

L’autre ouverture est due à Christophe Moulin, accompagné de Fabrice Susset. C’est la voie Mitchka, tracée à l’extrême-droite de la muraille qui soutient le Glacier Carré (donc juste à gauche du Dossier du Fauteuil). Moulin la présente comme une escalade absolument exceptionnelle (il la compare aux plus belles voies du Grand Capucin…), avec 2 longueurs sous le Fauteuil, et 9 entre le Fauteuil et la vire du Glacier Carré. Le topo est sur le site de la FFME. En 2001, Moulin et Susset se sont arrêtés à la vire, en annonçant une suite dans la partie supérieure pour l’année suivante. Il semble en fait que cette deuxième partie n’ait pas vu le jour… Du reste, on peut penser que la configuration des lieux rendra difficile l’existence d’un cheminement de même niveau indépendant de la voie Cambon-Ravel. Affaire à suivre… Notons que cette voie est partiellement équipée de goujons. Pour autant, Moulinos n’a pas été convoqué devant les tribunaux de la Sainte Ethique. Est-ce le signe d’une évolution ?


Ici on ne voit que la partie située au-dessus du Fauteuil. Mitchka s’élève un peu à droite des coulées issues du Glacier Carré. Il y a là une muraille bien baveuse, rigoureusement verticale, avec des stalactites qui pendouillent : un pied-de-nez à l’adresse des glaciairistes du XXIIe siècle ?

Il est clair que la question de la « place qui reste » se pose de plus en plus. L’image d’ensemble montre assez clairement qu’il y a encore trois zones de la face sud où subsistent des possibilités… du moins en théorie. Je vous les laisse trouver. Reste bien sûr à s’interroger sur leur pertinence, leur intérêt, leur faisabilité, et sur les chances d’en sortir intact !

Les topos présentés ici et pour la face nord sont les derniers en date. Je suis frappé par leur côté peu détaillé, presque sommaire, qui contraste avec la sophistication qu’on a connue à une certaine époque. Y aurait-il une sorte de retour aux sources ? On peut se le demander en observant par exemple le dessin suivant, qui est le premier « topo » de toute l’histoire de la Meije. Il est dû à Georges Leser, qui fut l’un des pionniers de l’alpinisme dans le Dauphiné à la grande époque. Il est paru dans l’Annuaire du CAF de 1885.

Les lettres indiquent les principaux repères de la voie normale. Le refuge du Promontoire n’est pas indiqué, puisqu’il n’existait pas encore ! On observe que le cheminement de la muraille Castelnau (tronçon D-E) est très imprécis. La digitation de droite correspond à la « variante » Pilkington. Malgré ses imprécisions, il ne manque pas de finesse documentaire. En matière de schéma simplifié, on pourra trouver mieux (ou pire), comme le montre  ce dessin qui figure dans un petit ouvrage de Jean Save de Beaurecueil intitulé « Montagne d’été ». Publié juste après la guerre, il « décrit » 20 courses en Oisans et à Chamonix, dont la traversée de la Meije, avec pour viatique ce simple dessin :

Je laisse le mot de la fin à cette photographie de Daniel Chalonge, qui fut un alpiniste très actif des années 1920-1930, en même temps qu’un excellent photographe. J’en profite pour signaler que sa fille Karen a publié un livre extrêmement intéressant à partir des archives de son père, avec pas mal de bonnes reproductions photographiques (Les Hautes Routes d’antan, Récits et itinéraires, 1915-1930).

Cette photo, qui a également été publiée à plusieurs reprises par La Montagne, est tirée de ce livre. Si ce bouquin vous intéresse, vous pouvez vous adresser à Karen J. Chalonge, 7 rue Le Dantec, 75013 Paris, ou à Fred Chevaillot à St-Christophe-en-Oisans.

 

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